Cette année aura été boudeuse en fiesta pour les jeunes diplômés, car ils n’ont pas pu pleinement profiter de leur fin des humanités générales autant que leurs aînés.
Ternes, plats. Voici les qualificatifs qui viennent à l’esprit de Larissa, jeune diplômée du Lycée de l’Humanité, lorsqu’on évoque les remises de diplômes de cette année. Sa fête ne sera pas allée au-delà de 20h. Après quoi, ses invités sont rentrés un à un. « En invitant nos amis, ils nous prévenaient qu’ils ne feront que passer : ‘Par les temps qui courent, il n’est plus aisé de fêter jusqu’à X heure’ », disent des lauréats du secondaire.
A.I. vient de finir ses humanités générales à l’Ecole Indépendante de Bujumbura. Pour elle, cette année n’était rien, comparée aux temps où la cour de cet établissement était remplie de gens sur leur 31. « On avait du mal à poser ses pieds par terre, tellement c’était plein,» se rappelle-t-elle. Et d’ajouter : « Plusieurs de nos anciens camarades de classe avaient déjà quitté le pays le jour de la remise. »
Pour les plus chanceux, ils ont pu profiter de ces fêtes en famille et avec quelques voisins. «Seuls les voisins ont pu nous tenir compagnie jusqu’à une heure tardive, » avoue un jeune diplômé vivant à Gihosha. Encore que les parents ne voulaient pas que la musique soit forte. « Il faut être prudent. Les grenades pleuvent de partout, ces temps-ci. Il est plus prudent de ne pas attirer l’attention sur soi, » expliquaient-ils.
Des « after-party » la peur au ventre
Contrairement aux années où les jeunes diplômés organisaient des « after » dans différentes boîtes de nuit de la place, cette année, seul le Kiss Club abondait de jeunes. Mais les jeunes n’en craignaient pas moins l’insécurité. « Il fallait clôturer ce jour en beauté, sinon nous savions qu’il était risqué de sortir par les temps qui courent, » avoue Lyse.
Certains jeunes auront négocié des heures durant avec leurs parents pour pouvoir se rendre en boîte. « Ils ont commencé par me considérer comme un revenant lorsque j’ai évoqué cette question, » se souvient Ulrich, un sourire aux lèvres. Ses parents ont fini par céder.
Mais pour la plupart, ils ont refusé net d’accorder la permission à leurs enfants . « Mon père était déconcerté, quand j’en ai parlé. Ma mère, elle, était horrifiée, » confie Benjamin. « Ça ne va pas la tête ? » aura été la seule réponse du père de Benjamin. Voyant que sa tentative de persuasion ne mènera nulle part, Benjamin a préféré faire le mur pour faire la fête avec ses amis.