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Ecole fondamentale : un passeport vers l’abrutissement

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Le bilan de l’école fondamentale est négatif après le début de sa troisième année. Malgré des programmes jugés préférables à ceux de l’ancien système, elle rencontre des défis énormes, entre autres le manque d’enseignants qualifiés, d’infrastructures et de matériel didactique…

Genèse

A l’Ecofo Buterere, trois ou quatre élèves s’asseyent sur un même banc-pupitre ©Iwacu

A l’Ecofo Buterere, trois ou quatre élèves s’asseyent sur un même banc-pupitre ©Iwacu

Deux ans que l’Etat burundais a introduit la réforme de l’école fondamentale dans le système éducatif qui a commencé avec la rentrée scolaire 2013-2014. Une reforme régionale qui prévoit neuf années pour l’école primaire au lieu des 6 jadis en vigueur au Burundi. Objectif: assurer à l’écolier une capacité intellectuelle lui permettant de s’auto-employer.

Cette nouvelle réforme, explique Severin Nyamuyenzi, expert en éducation, donne en effet à chaque enfant les chances d’achever au moins les six années du cycle primaire et d’accéder aux trois années supplémentaires, le menant jusqu’à l’âge du travail, de l’insertion sociale ou de la poursuite d’études plus ambitieuses.

La restriction traditionnelle de l’accès à la 7ème année et aux années suivantes, jusque-là ouvertes dans des collèges secondaires à effectif très limité, sera progressivement levée. On attend de cette réforme qu’elle fasse disparaître l’encombrement des classes primaires, en bonne partie causé par des redoublements successifs d’enfants non admis dans les collèges et ne souhaitant pas interrompre leurs études pour autant.(cfr le Plan Sectoriel de Développement de l’Education et de la Formation(PSDEF).

Six domaines sont retenus dans ce système : les langues, les mathématiques, les sciences et la technologie, les sciences humaines, les arts et l’entrepreneuriat.

Un système émaillé d’imperfections

Une école fondamentale qui ferme ses portes faute d’enseignants, de matériels, des élèves qui n’arrivent pas à écrire correctement leurs prénoms… Que des problèmes! Pourtant, l’un des objectifs avoués de la réforme fondamentale était de «renforcer les capacités intellectuelles des élèves.»L’expert dresse quelques omissions dans la création de la réforme fondamentale : la sensibilisation, l’expérimentation, l’évaluation et la généralisation de la réforme.

Syndicalistes, enseignants, parents s’évertuent à fustiger la précipitation dans la mise en œuvre de cette réforme.

Le bilan est plutôt négatif. « Il fallait créer des écoles pilotes pour tester la reforme. Nos enfants n’ont pas d’avenir tout simplement !», lâche T.N, 47 ans, enseignement du secondaire.


« Des programmes bien conçus, mais… »

Joseph Ndayisaba : « La réforme aurait dû d’abord être expérimentée dans une zone géographique donnée.» ©Iwacu

Joseph Ndayisaba : « La réforme aurait dû d’abord être expérimentée dans une zone géographique donnée.» ©Iwacu

Les programmes de l’école fondamentale sont jugés bien définis et meilleurs que ceux de l’ancien système. La méthodologie utilisée et les mesures d’accompagnement de la réforme sont remises en cause.
Le contenu des programmes de la 7ème et 8ème de l’enseignement fondamental sont bien définis et bons, selon un enseignant du secondaire qui a quinze ans de métier. Même le Pr Joseph Ndayisaba, pédagogue, parle du contenu « classique et universel adapté à l’âge d’apprentissage.»

Cependant, Jérôme Bizindavyi, secrétaire général du syndicat STEB, estime que les programmes du fondamental ne sont pas adaptés aux réalités régionales du pays. « Pour les élèves de la province de Rutana, on devrait insister sur l’exploitation des minerais et tous les services qu’on peut développer autour. Ceux de Rumonge, ce qui a attrait à l’huile de palme. Développer les services, selon les régions puisque ceux qui ne pourront pas continuer après le 9ème devront être aptes à se débrouiller dans la vie courante. »

Ce dernier juge les programmes trop lourds et vastes avec des termes trop techniques. Le pédagogue, lui, estime que le problème n’est pas du côté des programmes, mais du niveau bas des enfants et de la méthodologie utilisée. Il parle, en outre, de la difficulté d’assimilation des cours car certains exigent un minimum de matériel notamment les ordinateurs. Or, combien d’écoles sont-elles dotées de matériel informatique? Moins de 1%. « Parfois, les enseignants se sentent ridicules en enseignant sans avoir de quoi s’appuyer pour donner les leçons», déplore Jérôme Bizindavyi.

«Les programmes de la 9ème fondamentale, c’est un cas à part»

Le pédagogue indique que les programmes de l’Ecole fondamentale s’inspirent de l’ancien système. Ainsi, l’autonomie de l’enfant n’est pas suffisamment développée. Pour lui, la réforme devait commencer dès l’école maternelle étant donné que l’objectif est qu’un enfant qui termine la 9ème fondamentale puisse se débrouiller une fois dans la vie courante. « Or, comment est-ce que possible dans seulement 3 ans ? »

Quant aux programmes de la 9ème fondamentale, c’est un cas à part. Certains enseignants, une semaine après la rentrée scolaire 2015-2016, n’ont pas encore eu les programmes.

Le pédagogue estime que la reforme aurait dû d’abord être expérimentée dans une zone géographique donnée et attendre au moins trois ans pour faire une évaluation. Deux ans après l’avoir généralisée, on commence à constater les erreurs et à tenter de les corriger. « Ce qui est compliqué et complexe puisqu’il est évident qu’il n’y a pas assez de moyens», indique-t-il, désolé.


Le manque d’enseignants toujours criant

Chaque année, le ministère de l’Education recrute des enseignants. Leur nombre est insignifiant par rapport aux besoins.

Mashandari Emmanuel : « Les directeurs communaux d’enseignement ne reçoivent que peu de demandes d’emploi. »  ©Iwacu

Mashandari Emmanuel : « Les directeurs communaux d’enseignement ne reçoivent que peu de demandes d’emploi. » ©Iwacu

L’école fondamentale a besoin de plus de 50 000 enseignants au total dont plus de 8000 licenciés. Cette année, le ministre des Finances a donné l’autorisation au ministère de l’Education de recruter 2000 enseignants. Pour Emmanuel Mashandari, président du Conapes, ce chiffre ne sera jamais atteint : «Le problème ce qu’il y a eu peu de postulants. L’année dernière, le ministère a peiné pour avoir 500 alors qu’il avait prévu plus d’un millier.»

Ce syndicaliste souligne le nombre réduit d’enseignants du domaine des sciences comme les mathématiques, la physique. Même l’avènement des universités privées ne change pas la donne. Leurs lauréats sont en grande partie des licenciés en Droit, Economie, Communication et rares sont qui sont qualifiés pour enseigner. Même ceux de l’ENS, peu nombreux, ne sont pas intéressés par le métier d’enseignant.

Le manque criant d’enseignants s’explique aussi du fait que la réforme de l’Ecole fondamentale est en train de dépouiller d’enseignants l’ancien système. Ceux qui sont recrutés sont pour la plupart les enseignants du cycle inférieur de l’ancien système. De ce fait, le besoin en enseignants augmente à cause de la réforme.

La formation des enseignants laisse à désirer…

Pour cette année, les enseignants devaient bénéficier d’une formation de 3 semaines. Mais, ils ont eu droit à un « atelier de formation » de 3 jours. Le pédagogue Joseph Ndayisaba indique qu’il y a, en outre, un manque de référentiels sur lesquelles se baser pour former les enseignants de l’Ecole fondamentale. Toutefois, il signale qu’ils sont en cours de préparation.

Par conséquent, les professeurs ont des difficultés à dispenser correctement les cours, comme les TIC (Technique d’Information et de Communication). « Comment dispenser ce cours sans aucun ordinateur à sa disposition ? Certains n’ont même jamais touché un clavier d’ordinateur. »

En outre, un grand déséquilibre s’observe entre provinces. Dans les périphéries de Kirundo, Muyinga, Cankuzo, Ruyigi, Karusi, certaines écoles sont localisées dans des endroits où il n’existe pas de résidence pour les enseignants, ce qui dissuade les nouveaux d’y aller.

En outre, le syndicaliste évoque aussi le problème de maltraitance des enseignants par certains administratifs, car ils ne sont pas des natifs du coin. Par conséquent, les directeurs communaux d’enseignement reçoivent peu de demandes, malgré les énormes besoins en enseignants. Notons que dans ces mêmes provinces, la demande en mutation est plus élevée.


Des clés USB à la place des livres

Pas de livres d’élèves ni d’enseignants des classes de la 9ème fondamentale. Les concernés sont obligés de les multiplier à leurs propres frais puisque les programmes sont sur les clés USB des Directeurs Communaux de l’Enseignement.

Les élèves et les enseignants de la 9ème fondamentale sont déconcertés. Aucun livre n’est disponible. Tharcisse Habonimana, directeur du Bureau d’Etudes et des programmes de l’enseignement de Base, parle d’un retard pour imprimer les livres. Il indique qu’ «ils seront disponibles incessamment». « C’est pour calmer les esprits mais je crois le problème est lié aux moyens financiers que le ministère n’a malheureusement pas pour la multiplication de ces livres », assure un syndicaliste. On a alors donné des clés USB aux DCE pour éviter que les écoles n’enregistrent de retard sur le calendrier scolaire.

La question qui se pose est de savoir qui imprime ces programmes. Des enseignants certifient qu’ils se débrouillent. «C’est le comble, on te demande d’aller faire des photocopies sans même te donne un sou! », raconte un enseignant, révolté. « Mais cela n’arrive qu’aux enseignants dont les écoles ne possèdent pas de photocopieuse », précise un autre, avant d’ajouter : « Ailleurs, ce sont les responsables qui se chargent de multiplier les programmes en utilisant les moyens de l’école. »

Quid des élèves ? C’est aux parents de se débrouiller. Imprimer une page en noir et blanc coûte 500Fbu. Or, un seul livre peut contenir une cinquantaine de pages. Cela peut coûter autour de 25 mille Fbu par livres, multiplié par autant de livres dont l’enfant a besoin.

«Cette situation était prévisible»

Certains directeurs estiment que la situation n’est pas alarmante tant l’année scolaire est encore à son début. Par ailleurs, ils ont la promesse du ministère de tutelle que les livres vont être disponibles bientôt. Selon un syndicaliste, cette situation était prévisible. Sous d’autres cieux, fait-il remarquer, on ne peut commencer une année scolaire sans qu’au minimum les manuels scolaires soient déjà disponibles.


Ecofo, un fardeau pour les pauvres

Le programme de l’Ecofo n’est pas appliqué à la lettre à l’Ecole Saint Paul de Bujumbura ©Iwacu

Le programme de l’Ecofo n’est pas appliqué à la lettre à l’Ecole Saint Paul de Bujumbura ©Iwacu

Au lieu d’avoir deux enseignants par classe, dans les écoles privées, chaque cours a un enseignant qualifié…
Alors que dans les écoles publiques, le programme de l’Ecole fondamentale est appliqué à la lettre, les établissements privés font des réajustements. « Après avoir consulté le programme, nous l’enrichissons afin de mieux l’adapter aux besoins des apprenants », déclare Frère Andronic Bigirimana, Directeur de l’Ecole Saint Paul de Bujumbura. Selon lui, la combinaison de différents cours constitue une lacune importante. A cela s’ajoute l’insuffisance et la non qualification des enseignants appelés à dispenser chacun trois ou quatre cours.

François Nishemetse, Préfet des Etudes à l’Ecole Indépendante de Bujumbura, abonde dans le même sens en donnant l’exemple du domaine des langues combinant le français, le kirundi, l’anglais et le swahili. Ou encore le domaine des sciences et technologies comprenant, entre autres, la biologie, la chimie et la technologie.

Dans ces écoles, chaque cours est dispensé par un enseignant qualifié. A l’Ecole Indépendante de Bujumbura, même si on applique le programme de l’école fondamentale, M. Nishemetse affirme qu’un enseignant a droit d’intégrer d’autres éléments jugés nécessaires. « Et ce afin de répondre aux attentes de nos élèves. » Idem au Lycée du Saint Esprit.

Des formations transformées en formalités

Dans ces écoles privées, les cours comme entreprenariat, TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) ne posent pas de problèmes en termes de matériel ni d’enseignants qualifiés.

« Nous sommes déjà en train de penser à instaurer un club d’informatique afin que tous nos apprenants aient des connaissances en informatique », annonce Frère Andronic Bigirimana, notant qu’ils n’ont pas de problème de matériel ou d’effectif : « Chaque élève a son livre et dans chaque classe, il y a 25 bancs pupitres pour 50 élèves.»
En plus de ces bonnes conditions d’apprentissage, il évoque des séances de renforcement organisées les jours impairs. « Cela permet à l’enseignant d’insister sur les notions apprises avant-midi. »

Concernant les formations organisées à l’endroit des enseignants dans le public, Frère Andronic Bigirimana pense qu’il s’agit de formations transformées en formalités. Et d’interroger : « Comment est-ce qu’un enseignant peut dispenser à la fois le français, l’anglais, le kirundi et le swahili ? Ou la biologie, la chimie, la technologie ?» Pour lui, il s’agit d’une politique éducative ratée, mal préparée et sans issue.


Des infrastructures inadaptées

Exiguïté des salles de cours, manque de matériel didactique… des défis auxquels font face certaines écoles fondamentales à Bujumbura.

Une école fondamentale à Buterere à moitié construite ©Iwacu

Une école fondamentale à Buterere à moitié construite ©Iwacu

A Buterere I, au bord de la rivière Kinyankonge, une école fondamentale privée : Ecofo Sainte Marie Jojel. De l’extérieur, un élève peut suivre une leçon, certains murs étant à moitié terminés. « A la moindre goutte de pluie, les salles de cours sont inondées », confie une jeune enseignante, évoquant également des problèmes de matériel, comme les livres, les ordinateurs, etc.

Même avec de faibles effectifs (32 en 7ème, 30 en 8ème et 45 en 9ème), les salles de cours restent exiguës. Benjamin Manirambona, directeur, indique que l’école n’a pas de problème d’enseignant puisque le recrutement se fait à chaque fois que le besoin se fait sentir. « Nous exigeons que la nouvelle recrue soit qualifiée en ayant un niveau universitaire ou A1 (ENS)».

A l’Ecofo Buterere (établissement public), les défis sont énormes. Pauline Musabimana, Préfet des Etudes, signale que contrairement à l’année scolaire passée, les salles sont aujourd’hui pleines à claquer. Elle donne l’exemple de la 7ème où ils ont plus de 100 élèves dans une classe. « Ainsi, nous sommes obligés de faire asseoir trois ou quatre sur un banc-pupitre. » Et de préciser qu’il n’y a même pas de place pour installer d’autres bancs-pupitres.

Quatre élèves par banc-pupitre

Situation similaire à l’Ecofo Buyenzi, Ecofo Bwiza où des élèves s’asseyent à trois voire quatre sur un banc-pupitre. « Quand nous sommes assis à quatre, il nous est très difficile de prendre des notes », confie une élève de la 8ème à l’Ecofo Buyenzi, signalant que même l’enseignant ne peut pas circuler dans les rangées facilement.

A Buterere, en 9ème, aucun livre pour les enseignants ni pour élèves. « Des programmes ont été donnés sur des clés USB, alors que nous n’avons pas d’ordinateurs », souligne Mme Musabimana. Et de renchérir : « Il est également irraisonnable de mettre au programme des cours comme les TIC, alors que les écoles ne disposent pas d’ordinateurs. »

Cette responsable d’établissement estime que l’entreprenariat est le cours qui devait permettre aux lauréats de l’Ecofo de se débrouiller dans la vie courante. Or, regrette-t-elle, a cet établissement scolaire, il n’y a pas d’enseignants qualifiés en la matière ni de matériel. Ainsi, elle s’interroge sur l’avenir de ces enfants : « Au début, on disait qu’on allait installer des centres de formations des métiers, mais, voilà, les premiers lauréats sont déjà en 9ème. Et rien n’est encore fait ». De son côté, le directeur de cette école, Augustin Ntahondi, apprécie les programmes de l’Ecofo. Pour lui, le grand problème réside dans le manque de matériel et de moyens financiers.


Cours d’entrepreneuriat : « Débrouillez-vous ! »

Des élèves de l’Ecofo se débrouillent   pour apprendre le cours d’entrepreneuriat ©Iwacu

Des élèves de l’Ecofo se débrouillent pour apprendre le cours d’entrepreneuriat ©Iwacu

Considéré comme la base de l’école fondamentale, le cours d’entrepreneuriat n’est pas dispensé correctement.
« On ne fait que copier ce qui est dans le livre de l’entrepreneuriat sans beaucoup d’explications », s’indigne un élève de la 9ème à l’école fondamentale Jabe1. Le professeur leur a dit : « Débrouillez-vous ! Nous aussi avons trouvé la matière telle qu’elle est sans comprendre beaucoup de choses.»

Jeannette Ndikumwami, directrice de l’ECOFO Jabe1, reconnaît que le cours de l’entrepreneuriat est très vaste et la plupart des enseignants ne comprennent pas grand-chose. « Dans ces conditions, les exercices pratiques ne sont pas dispensés.» Elle signale que les enseignants bénéficient de trois jours pour maîtriser tout le cours. « Au moins un mois de formation pourrait contribuer à relever les défis.»

Pour Emmanuel Mashandari, président du CONAPES, le résultat escompté n’est pas été atteint durant ces deux dernières années, alors que «ce cours est la base du système de l’école fondamentale.»

Selon le curriculum de l’enseignement fondamental, le cours d’entrepreneuriat est composé par des thèmes de créativité et de gestion : comment faire le jardin, élever des animaux, l’artisanat, la gestion des biens, la conservation des habits, des documents relatifs à la gestion des stocks, des activités de transformation des produits, le tourisme.

Des stratégies pour renforcer les capacités

Tharcisse Habonimana, directeur d’Etudes et des Programmes de l’Enseignement de Base(BEPB), reconnaît que le temps de formation des enseignants est très limité alors que le cours d’entrepreneuriat est au cœur de la réforme. Des animations pédagogiques mensuelles (les enseignants vont bénéficier d’une journée par mois de formation), des animations-radios pour communiquer les nouvelles innovations pédagogiques et la création d’un réseau de communication (les enseignants vont envoyer des SMS pour poser des questions) sont les stratégies que le BEPB a élaborées pour pallier ce problème de formation à courte durée. « 15 145 enseignants qui prestent à l’école fondamentale vont bénéficier de cette formation continue, » confie le directeur du BEPB.


>>>Réactions

jeromJérôme Bizindavyi, enseignant : « C’est une honte! »

Ce syndicaliste, enseignant à l’école fondamentale Q4 Ngagara, dénonce un manque criant d’infrastructures dans plusieurs écoles fondamentales : « Quatre élèves sur un pupitre, plus de 100 écoliers ou élèves dans une classe, un livre partagé par 3 voire 5 élèves…» M. Bizindavyi confie également que les enseignants sont très surchargés. A cet égard, il fait savoir qu’un enseignant de maths est désormais tenu de dispenser, en plus, les cours d’art et d’entreprenariat auxquels il n’a pas été suffisamment formé. Et de mettre en garde : « Les termes utilisés dans ces cours sont lourds pour un enfant de la 7e année surtout », prévient-il.

Sévérin NyamuyenziSeverin Nyamuyenzi, parent : « Encore du pain sur la planche.»

« Il y a encore un chemin à parcourir pour que le système soit réussi », confiera ce parent, également vice-président de l’association des parents des élèves. Cela étant, il salue l’instauration de ce système qui permet une « scolarisation universelle et prolongée. »

M. Nyamuyenzi lance un cri d’alarme quant au manque criant de livres de la 9e année. Ce sont les parents, affirment-ils, qui risquent finalement de payer les livres de leurs enfants. « Où trouverons-nous cet argent ? C’est très cher, un livre ! » Severin Nyamuyenzi se veut toutefois rassurant : « Il n’est pas trop tard. Il y a encore du temps pour rectifier le tir. »

Innocent NindoreraInnocent Nindorera, DCE : «Une réforme venue à point nommé. »

Ce Directeur Communal de l’Education de Ngagara confie qu’il était grand temps d’instaurer un nouveau système : « Les programmes de l’ancien système dataient de très longtemps. Il fallait à tout prix les remplacer. » Il reconnaît, cependant, l’existence de défis majeurs, comme le manque d’enseignants, alors que l’effectif des élèves va crescendo. Le matériel est on ne peut plus insuffisant. Et il estime que les parents doivent participer : « C’est un système qui demande beaucoup de moyens. »

Contacté, le porte-parole du ministère de l’Education, Edouard Juma, a confié qu’il n’est pas en mesure de dire quoi que ce soit sans consulter la ministre de l’Education qui n’est pas au pays.


Difficile rentrée scolaire à Cibitoke

Manque d’enseignants, d’infrastructures et de matériel didactique dans différentes écoles fondamentales. Les enseignants, les parents et les enfants déboussolés.

Difficile rentrée scolaire à Cibitoke ©Iwacu

Difficile rentrée scolaire à Cibitoke ©Iwacu

Les lamentations fusent de partout à Cibitoke : une année scolaire mal préparée avec un déficit d’enseignants de plus de 200 dont la moitié pour les écoles fondamentales. A cela s’ajoute, des salles de classe et des manuels scolaires insuffisants. « Pas de livres surtout pour les écoles fondamentales. On ne sait pas comment on va procéder pour enseigner », note avec désespoir un enseignant rencontré à Bukinanyana, à plus d’une centaine de km du chef-lieu de la province.

Les enseignants estiment qu’il fallait à tout prix organiser de formations de recyclage pour les enseignants qui vont prester surtout dans les écoles fondamentales. « Dans les deux dernières années, de telles formations duraient au moins trois semaines. Cette année, la formation accélérée et organisée dans de mauvaises conditions n’a pris que trois jours seulement », se lamentent-ils.

Un des directeurs d’une école fondamentale, rencontré dans la commune de Rugombo et Murwi, déplore que l’Etat s’est défaussé sur les élèves et les responsables des écoles secondaires quant à la multiplication des livres nécessaires.
Face à cette situation, les parents sont d’avis que leurs enfants sont condamnés à une éducation de moindre qualité. Pour eux, l’enseignement public perd tout son prestige.

Les responsables de l’éducation expliquent que cette situation est déjà connue du ministère. Ils conseillent, sans toutefois convaincre, aux enseignants et parents de se contenter du minimum à leur disposition et d’attendre.


« L’école fondamentale abrutit nos enfants »

Le manque criant de livres, surtout en 9ème année, paralyse les activités scolaires à Gitega. Les professeurs ne savent pas à quel saint se vouer.

La classe de 9ème année au Collège de la Paix est bondée ©Iwacu

La classe de 9ème année au Collège de la Paix est bondée ©Iwacu

Collège de la Paix en classe de 9èmeannée, plein à craquer. Trois élèves assis sur un seul banc-pupitre pour suivre les cours. Seul le cours de mathématiques est dispensé, depuis la rentrée scolaire. Le professeur de mathématiques souligne avoir seulement deux chapitres sur les 32 que compte le cours.

Ce problème de manuel scolaire rencontré au Collège de la Paix n’est pas un cas isolé. Vu le maigre budget des écoles, les enseignants et les élèves sont obligés de se débrouiller. « Je n’obligerai pas les parents à payer pour les livres, mais ceux qui sont conscients que ces manuels sont indispensables pour le bien de leur enfant le feront », confie Emmanuel Ndahabonayo, directeur de Lycée Magarama. Or, pour qu’un élève ait son propre livre, le coût minimum est de 30000fbu. Les parents ne décolèrent pas, estimant que cette réforme va abrutir leurs enfants. Ils en veulent au gouvernement de ne pas s’être donné les moyens suffisants pour réussir cette réforme.

Contacté, le Directeur Communal d’Enseignement à Gitega a indiqué que les directeurs avaient pour ordre de photocopier la matière à enseigner pour deux semaines en attendant que la commande des livres arrive.


Ngozi cumule les problèmes de l’école fondamentale

Manque criant d’enseignants qualifiés, salles de classe inachevées et indisponibilité des livres d’enseignants et d’élèves, tels sont les défis majeurs auxquels restent confrontés la Direction Provinciale de l’Enseignement de Ngozi.

Théophile Nshimiye, chargé des ressources humaines à la DPE Ngozi, précise que les besoins en enseignants sont immenses pour cette année scolaire.

A l’école fondamentale, la province exprime un besoin de 834 enseignants. Au secondaire, à partir de la dixième année, 154 enseignants qualifiés sont nécessaires pour couvrir les neuf communes de la province de Ngozi. Ce à quoi il faut ajouter un manque du personnel administratif dans différentes écoles. Il précise, en outre, que 48 enseignants ont déserté leurs établissements, l’année scolaire écoulée. Malgré l’appel du gouvernement pour le retour de ces enseignants au service jusqu’ici au 14 septembre 2015, personne n’est revenu.

Concernant les infrastructures scolaires, M.Théophile Nshimiye précise que 78 salles de classe ne sont pas cimentées, 62 autres ne possèdent ni fenêtres ni portes. Il évoque aussi le problème d’équipement en bancs- pupitres qui reste un casse-tête pour la DPE Ngozi.

Le matériel didactique constitue un autre défi majeur pour la DPE Ngozi. Outre les livres de la 9ème fondamentale non encore disponibles, il se remarque également l’insuffisance en livres dans les classes de 7ème et 8ème.


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