Le gouvernement a décidé de coopter de 10% les résultats à l’examen d’Etat. Le taux de réussite passe ainsi de 25% à 67%. Pour un psychopédagogue, il importe d’abord d’analyser les causes de cet échec.
« Un examen interne ou externe sert à évaluer le niveau de compétence des élèves par rapport aux objectifs fixés par l’enseignant. Et par conséquent, le résultat obtenu est une image de ces compétences », explique Pr Joseph Ndayisaba, psychopédagogue. Dans un communiqué sorti le 22 janvier, Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement, justifie cette décision de coopter de 10% les résultats à l’examen d’Etat : « C’est dans le but de donner la chance à plus d’étudiants d’accéder à l’enseignement supérieur». Ainsi, les effectifs de ceux qui auront accès à l’enseignement supérieur passent de 8268 à 22492 lauréats, soit un taux de réussite qui passe de 25% à 67%.
D’après Dr Paul Hakizimana, directeur des services académique à l’Université du Burundi, seuls 4000 lauréats auront accès à ces établissements publics universitaires (Université du Burundi et l’Ecole Normale Supérieur-ENS). « Il ne suffit pas seulement d’avoir les 50% pour être admis », précise-t-il. Les 18492 autres lauréats vont donc s’inscrire dans les universités privées. Selon des informations recueillies auprès des universités Lumière de Bujumbura et du Lac Tanganyika, tout élève qui a eu 50% est éligible à l’admission. Un des administratifs à l’ULB assure qu’ils ont suffisamment de locaux : « Tout lauréat qui remplit les conditions sera inscrit. »
Le Pr Ndayisaba souligne que le fait d’ajouter des points gratuits à un élève, qui n’a pas obtenu 50%, ne se fait pas pédagogiquement : « C’est une erreur car on n’a pas considéré l’image de son niveau. Et partant, le taux d’échec risque d’augmenter. » Pour lui, le problème n’est pas résolu, il est plutôt déplacé au niveau supérieur.
« Analyser les causes de cet échec » Le Pr Ndayisaba trouve que la meilleure décision serait d’analyser les véritables causes de cet échec. Et de renchérir : « Il faudrait vérifier si tous les enseignants sont compétents, s’il n’y a pas de trous dans les programmes et que ces derniers sont dispensés avec une même méthode.»
Il propose au gouvernement de créer plusieurs universités postsecondaires professionnels, pour accueillir les élèves qui n’ont pas eu suffisamment de points. « Cela permettra de réserver les universités à ceux qui en ont la capacité, » conclut-il.